assuré.
Tandis qu’il prononçait ces mots, il promenait ses yeux autour de lui.
— Pierre Stépanovitch, reprit solennellement Barbara Pétrovna, — nous a raconté une aventure qu’eut jadis à Pétersbourg un homme fantasque, capricieux, insensé, mais toujours noble dans ses sentiments, toujours d’une générosité chevaleresque…
— Chevaleresque ? C’est aller un peu loin, répondit en riant Nicolas. — Du reste, je suis très reconnaissant à Pierre Stépanovitch de sa précipitation dans cette circonstance (en même temps il échangeait un rapide coup d’œil avec celui dont il parlait). Il faut vous dire, maman, que Pierre Stépanovitch est un réconciliateur universel ; c’est là son rôle, sa maladie, son dada, et je vous le recommande particulièrement à ce point de vue. Je devine le beau récit qu’il a dû vous faire ; quand il raconte, c’est comme s’il écrivait ; il a toute une chancellerie dans sa tête. Notez qu’en sa qualité de réaliste il ne peut pas mentir, et que la vérité lui est plus chère que le succès… bien entendu en dehors des cas particuliers où le succès lui est plus cher que la vérité. (Tout en parlant, il continuait à regarder autour de lui.) Ainsi vous voyez, maman que vous n’avez pas à me demander pardon, et que si une folie a été faite, c’est sans doute par moi. Au bout du compte, voilà une nouvelle preuve que je suis fou, — il faut bien soutenir la réputation dont je jouis ici.
Sur ce, il embrassa tendrement sa mère.
— En tout cas, cette affaire est maintenant finie, elle a été racontée, on peut par conséquent parler d’autre chose.
Ces derniers mots furent dits par Nicolas Vsévolodovitch d’un ton qui avait quelque chose de sec et de décidé. Barbara Pétrovna le remarqua, mais son exaltation ne tomba point, au contraire.
— Je ne t’attendais pas avant un mois, Nicolas !
— Bien entendu, maman, je vous expliquerai tout, mais maintenant…
Et il s’approcha de Prascov