d’une voix caressante et mélodique, tandis que ses yeux avaient une expression extraordinaire de tendresse. Il était debout devant elle, dans l’attitude la plus respectueuse, lui parlant comme on parle à la femme que l’on considère le plus. Marie Timoféievna haletante balbutia sourdement quelques mots entrecoupés :
— Est-ce que je puis… tout maintenant… me mettre à genoux devant vous ?
— Non, vous ne le pouvez pas, répondit-il avec un beau sourire qui fit rayonner le visage de la malheureuse ; puis, du ton grave et doux qu’on prend pour faire entendre raison à un enfant, il ajouta :
— Songez que vous êtes une jeune fille et que, tout en étant votre ami le plus dévoué, je ne suis cependant qu’un étranger pour vous : je ne suis ni un mari, ni un père, ni un fiancé. Donnez-moi votre bras et allons-nous en ; je vais vous mettre en voiture, et, si vous le permettez, je vous ramènerai moi-même chez vous.
Marie Timoféievna l’écouta jusqu’au bout et inclina la tête d’un air pensif.
— Allons-nous en, dit-elle avec un soupir, et elle lui donna son bras.
Mais alors il arriva un petit malheur à la pauvre femme. Au moment où elle se retournait, un faux mouvement de sa jambe boiteuse lui fit perdre l’équilibre, et elle serait tombée par terre si un fauteuil ne se fût trouvé là pour l’arrêter dans sa chute. Nicolas Vsévolodovitch la saisit aussitôt et la soutint solidement contre son bras. Cette mésaventure affligea vivement Marie Timoféievna ; confuse, rouge de honte, elle se retira en silence et les yeux baissés, accompagnée de son cavalier qui la conduisait avec des précautions infinies. Lorsqu’ils se dirigèrent vers la porte, je vis Lisa se lever brusquement. Elle les suivit du regard jusqu’à ce qu’ils eussent disparu, puis elle se rassit sans mot dire, mais un mouvement convulsif agitait son visage comme si elle avait touché un re