— Vous avez oublié d’en parler.
— Que diable ! croyez-vous que je voulais le cacher ? Je n’y pensais pas, voilà tout.
— Daignez donc nous expliquer comment vous vous êtes procuré cette arme.
— Je daigne, messieurs…
Et Mitia conta comment il avait pris le pilon chez Fénia et s’était enfui.
— Mais quelle intention aviez-vous en prenant cet objet ?
— Quelle intention ? Aucune. J’ai pris et je me suis sauvé, voilà !
— Mais comment l’auriez-vous pris sans intention ?
La colère commençait à naître en Mitia. Il regarda attentivement le tout jeune juge, « le gamin ! » pensait-il, et il sourit d’un mauvais sourire, se repentant d’avoir parlé avec tant de franchise « à de telles gens ».
— Je me moque de votre pilon ! s’écria-t-il tout à coup.
— Cependant…
— Eh bien ! c’est pour les chiens… il faisait sombre… pour n’importe quoi.
— Auparavant, vous armiez-vous aussi quand vous sortiez la nuit, puisque vous craignez tant l’obscurité ?
— Eh ! que diable ! messieurs, il est impossible, littéralement impossible de parler avec vous ! s’écria Mitia exaspéré. Écris, dit-il au scribe, écris immédiatement, tout de suite : « Il a pris ce pilon pour aller tuer son père… Fédor Pavlovitch… pour lui fracasser la tête. » Êtes-vous contents, messieurs ? dit-il d’un air provocant.
— Il est évident que nous ne pouvons prendre en consi-