— Vous jugerez bon que nous en prenions note, dit le procureur.
— Je vous en prie, écrivez que je refuse de le dire et que je ne le dirai pas, car je considère qu’il serait indélicat de ma part de le dire… Oh ! qu’il faut que vous ayez du temps à perdre, messieurs, pour tant écrire !
— Permettez-moi, monsieur, de vous prévenir, de vous rappeler encore une fois, dit d’un ton sévère le procureur, que vous avez tous les droits de ne pas répondre à nos questions, que nous n’avons, nous, nullement le droit d’exiger de vous des réponses qu’il ne vous plaît pas de nous faire pour tel ou tel motif. Mais il est de notre devoir de vous avertir de tout le tort que vous vous causez en refusant d’éclairer la justice. Maintenant, veuillez continuer.
— Messieurs, croyez que je ne me considère pas comme offensé par… murmura Mitia un peu confus de cette observation, et, s’interrompant au milieu de sa phrase, il entama le récit des événements que nous connaissons déjà. Quand il en vint à sa visite chez Fénia, il s’écria malgré lui :
— Si je n’ai pas tué cette femme, messieurs, c’est uniquement que je n’en avais pas le temps alors !
Le scribe consigna soigneusement cette exclamation.
Mitia se tut un instant, puis expliqua comment il était entré dans le jardin de son père. Tout à coup, le juge l’interrompit, et dépliant une grande serviette qui était auprès de lui sur le divan, il en sortit le pilon.
— Connaissez-vous cet objet ?
— Ah ! oui. Donnez donc que je voie… Au diable ! non ! je n’en veux pas.