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culant Maximov qui était assis auprès d’elle, se précipita sur Mitia d’une manière si inattendue qu’on ne put l’arrêter, Mitia se jeta au-devant d’elle. Mais on la saisit aussitôt et il fallut quatre hommes pour les séparer.

— Que vous a-t-elle fait ? s’écria Mitia. Elle est innocente !

Le procureur et le juge s’efforcèrent de le tranquilliser.

Dix minutes se passèrent ainsi. Puis Mikhaël Makarovitch entra :

— Elle est en bas, dit-il au procureur. Me permettez-vous maintenant, messieurs, de dire à ce malheureux un mot devant vous, messieurs, devant vous ?

— Faites, Mikhaël Makarovitch, nous n’avons rien à dire à cela.

— Dmitri Fédorovitch, écoute, mon petit père.

Sa physionomie exprimait une pitié profonde et quasi paternelle.

— J’ai emmené Agrafeana Alexandrovna en bas et je l’ai confiée aux filles du patron. Le petit Maximov est aussi auprès d’elle. Je l’ai rassurée, je lui ai fait comprendre qu’il faut que tu te justifies, qu’elle ne doit pas se troubler, autrement tu pourrais augmenter les charges contre toi, comprends-tu ? Elle est intelligente et bonne, elle m’a baisé les mains et puis elle a prié pour toi. Elle m’a envoyé te dire d’être calme. Il faut, mon ami, que j’aille lui dire qu’en effet tu es plus calme, n’est-ce pas ? Je suis coupable envers elle, oui, messieurs, c’est une âme chrétienne et bonne, elle est innocente ! Puis-je lui dire que tu es plus calme, Dmitri Fédorovitch ?

Le bonhomme était ému par le spectacle de cette double