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LIVRE VIII

L’INSTRUCTION.

I

Cependant, Marfa Ignatievna, la femme de Grigori, malgré le profond sommeil qui la paralysait, se réveilla tout à coup, sans doute gênée par les cris de Smerdiakov qui souffrait dans la chambre voisine. Ces cris de l’épileptique avaient toujours épouvanté Marfa Ignatievna. Encore engourdie de sommeil, elle se leva et entra dans le cabinet de Smerdiakov.

Il faisait sombre ; on entendait les secousses, les hoquets et les cris du malade, mais on ne distinguait rien. Elle se mit à crier elle-même, à appeler son mari. Mais il lui sembla tout à coup que Grigori n’était pas auprès d’elle quand elle s’était levée. Elle rentra dans sa chambre, tâta le lit : vide !

Elle courut au perron et appela :

— Grigori !

Pour toute réponse elle entendit, dans le silence nocturne, une sorte de gémissement lointain. Elle prêta l’oreille. Les gémissements se répétèrent, elle comprit qu’ils venaient du jardin.