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— Moi, je leur laisse mes cinquante roubles, dit Kalganov.

— Moi, je leur laisse mes deux cents. Que ce soit leur consolation !

— Bravo, Mitial ! Bon garçon ! cria Grouschegnka.

Le petit pane, tout rouge de colère, mais sans perdre son air important, se dirigea vers la porte, puis s’arrêta sur le seuil :

— Panie, si tu veux me suivre, viens, sinon, adieu.

Et il passa dans la chambre voisine. Mitia ferma la porte.

— Fermez à clef ! dit Kalganov.

Mais en ce moment la serrure grinça à l’intérieur : ils s’étaient enfermés eux-mêmes.

— Très-bien ! très-bien ! cria Grouschegnka.

VI

— À boire ! demanda Grouschegnka. Je veux m’enivrer comme l’autre jour, tu te rappelles, Mitia, quand nous sommes venus ici pour la première fois.

Mitia était comme fou de joie, il pressentait « son bonheur », quoique Grouschegnka l’éloignât d’elle.

— Va ! lui disait-elle, dis-leur de danser, de se réjouir !

Le chœur de babas était au complet. Les Juifs avec leurs violons et leurs cithares étaient arrivés aussi. Mitia s’agitait au milieu de tout ce monde. Des moujiks, des étrangers, déjà couchés, s’étaient réveillés et levés. Mitia les