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— Pane Agrippinov… commença le pane à la pipe, rouge de colère.

Tout à coup Mitia s’approcha de lui et lui frappa l’épaule.

— Très-honoré pane, deux mots.

— Que désire le pane ?

— Dans la chambre voisine, deux mots ; viens, tu seras content.

Le pane à la pipe regarda Mitia avec méfiance, mais il accéda aussitôt, à condition que le pane Vroublevsky l’accompagnerait.

— C’est ton garde du corps ? Soit, qu’il vienne aussi. Il est d’ailleurs nécessaire, absolument nécessaire… Allons, panove.

— Où allez-vous ? demanda Grouschegnka inquiète.

— Dans un instant nous serons revenus, répondit Mitia, et, le visage très-changé, il conduisit les panove dans une pièce voisine, remplie de malles, de grands lits et d’une montagne d’oreillers. Une bougie brûlait sur une petite table. Le pane à la pipe et Mitia s’assirent près d’une table vis-à-vis l’un de l’autre ; le pane Vroublevsky resta debout. Tous deux regardaient Mitia sévèrement, mais avec anxiété.

— Que veux-tu de nous, pane ?

— Ce sera bientôt fait… Voici mon argent : veux-tu trois mille roubles ? Prends-les et va-t’en.

Le pane le regardait attentivement.

— Trois mille, pane ?

Il jeta un coup d’œil à Vroublevsky.

— Trois mille, pane, trois mille ! Écoute, je vois que tu es un homme intelligent. Prends ces trois mille roubles,