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suis intéressé à lui et je l’ai emmené chez moi. Mais voilà qu’il nous monte des scies stupides ! Je le reconduis chez lui…

— Le pane ne connaît pas les panies polonaises ! dit Maximov.

— Avez-vous servi dans la cavalerie ? C’est de la cavalerie que vous parliez ? Êtes-vous cavalier ? demanda Kalganov.

— Ah ! oui, est-il cavalier ? cria Mitia… Ah ! ah ! ah !

— Il ne s’agit pas de cela, répondit Maximov ; je dis que toutes ces jolies petites panies, à peine ont-elles dansé la mazurka avec nos uhlans, leur sautent sur les genoux comme des chattes blanches, et le pane et la panie, les père et mère, voient cela et le permettent… et le permettent… Le lendemain, les uhlans vont faire leur demande en mariage, et voilà… hi ! hi ! hi !… et voilà !…

— Le pane est un misérable !… grommela le pane aux longues jambes en les croisant.

Mitia remarqua que le pane aux longues jambes avait des bottes sales en cuir grossier ; d’ailleurs, les deux Polonais étaient également mal mis.

— Quoi ? un misérable ! Pourquoi des injures ? dit Grouschegnka furieuse.

— Panie Agrippina, le pane n’a connu en Pologne que des babas de la lie du peuple, dit le pane à la pipe.

— Taisez-vous donc ! reprit Grouschegnka. En voilà un empêcheur de danser !

— Mais je n’empêche personne, panie, dit le pane à la pipe.

Il jeta un regard significatif à Grouschegnka, et il se remit à fumer silencieusement.