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voiture, Fénia apparut et se précipita à ses pieds en criant :

— Mon petit père Dmitri Fédorovitch, ne perdez pas ma barinia ! Et moi qui vous ai tout dit ! Ne lui faites pas de mal à lui. Il est revenu de Sibérie pour épouser Agrafeana Alexandrovna… Mon petit père Dmitri Fédorovitch, ne le tuez pas !

— Hé, hé ! voilà ce que c’est, se dit Petre Iliitch, il va encore faire des histoires là-bas ! Je comprends tout… Dmitri Fédorovitch, donne-moi tout de suite tes pistolets si tu veux être un homme, entends-tu ?

— Les pistolets ? Attends, mon petit pigeon ! Je les jetterai en route dans une mare… Lève-toi, Fénia, ne reste pas là, par terre… Mitia ne tuera plus personne, le sot ! Et puis, Fénia (il était déjà assis dans la voiture), pardonne-moi, je t’ai offensée tout à l’heure, pardonne-moi ! D’ailleurs, à ta guise ! maintenant tout m’est égal ! En route, Andrey, vivement !

Andrey fit claquer son knout, la sonnette se mit à tinter.

— Adieu, Petre Iliitch ! À toi ma dernière larme !

« Il n’est pas ivre, et pourtant quelles balivernes il dit ! » pensa Petre Iliitch.

Petre Iliitch se dirigea vers le traktir la Capitale pour faire sa partie de billard. Mais en route il changea de projet, hésita à se rendre chez Fédor Pavlovitch, et finalement alla sonner à la porte de Grouschegnka. Il sonna longtemps, longtemps…