tice devrait être satisfaite. Je n’ai rien de plus à dire, messieurs, sinon que j’accepte d’avance en toute humilité et que je respecte votre jugement, quel qu’il puisse être. »
Il se tut, l’émotion était telle qu’elle ne se manifesta que par un silence de mort entrecoupé seulement de sanglots. La séance fut suspendue de fait pendant dix minutes.
VIII
Tout à coup, dans ce silence un bruit insolite attira l’attention générale du côté de la porte. Pâle, échevelée. chancelante, une jeune fille entrait, de qui tout le monde s’écartait avec une sorte de crainte superstitieuse.
— Liza ! s’écria Katherina Ivanovna, et elle courut à la jeune fille. Mais Liza, silencieuse, la repoussa d’un geste, et marchant droit devant elle, le regard fixe, s’arrêta immobile devant le tribunal. Le public, les jurés, les juges, tout le monde se leva ; le président fit un signe à l’huissier, qui s’empressa de soutenir la jeune fille. Il était temps, elle défaillait. Soudain, elle se retourna vers Alioscha qui la considérait avec des yeux pleins de larmes de joie ; d’un geste puéril et charmant, elle lui envoya un baiser, puis s’adressant aux juges, elle s’écria d’une voix singulièrement perçante.