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idée, dit Mitia... Micha, cours chez les Plotnikov et dis-leur que Dmitri Fédorovitch les salue et va venir tout de suite. Écoute, écoute encore ! Dis qu’on me prépare du Champagne, trois douzaines de bouteilles et qu’on en fasse un paquet comme l’autre jour quand je suis allé à Mokroïe... J’en ai pris alors quatre douzaines, s’interrompit-il tout à coup en se tournant vers Petre Iliitch. Ils savent comment déjà... ne t’inquiète pas, Micha. Et puis qu’on ajoute du fromage, des pâtés de Strasbourg, du jambon, du caviar, enfin de tout ce qu’ils ont, pour cent ou cent vingt roubles environ. Qu’on n’oublie pas de mettre des bonbons, des poires, deux ou trois arbouses[1], ou quatre... non, ce sera assez d’un. Et du chocolat, du sucre d’orge, enfin comme pour l’autre fois. Avec le Champagne, ça fera à peu près trois cents roubles. N’oublie rien, Micha... N’est-ce pas ? on l’appelle Micha ? demanda-t-il à Petre Iliitch ?

— Attendez donc un instant, dit Petre Iliitch qui l’observait avec inquiétude. Vous direz tout cela vous-même, en y allant. Micha s’embrouillerait.

— Oui, il s’embrouillerait, je vois bien. Eh ! Micha, je voulais t’embrasser pour la peine ! Mais si tu n’oublies rien, il y aura dix roubles pour toi, va vite ! Le Champagne, surtout le Champagne ! et du cognac, et du rouge et du blanc, comme l’autre jour...

— Mais écoutez donc ! s’écria Petre Iliitch impatienté. Laissez-le aller seulement changer l’argent ; il dira qu’on ne ferme pas, et vous irez vous-même faire la commande.

  1. Melons d’eau.