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Sur le seuil de la maison où les soldats et les prisonniers se reposaient, il aperçut un homme d’une cinquantaine d’années, grisonnant, dont les traits annonçaient, non pas la finesse, mais une certaine ruse et beaucoup d’expérience. Alioscha devina aussitôt en lui le chef de la troisième étape, Guerassim Mikhaïlovitch Jekhlov, avec qui, on le sait, Ivan s’était déjà entendu pour l’évasion de Mitia.

Alioscha le salua, Jekhlov rendit le salut.

— Guerassim Mikhaïlovitch ? demanda Alioscha à mi-voix.

L’officier tressaillit et regarda fixement le moujik.

— Je suis le frère d’Ivan Fédorovitch.

Jekhlov considéra encore un instant Alioscha, parut hésiter, puis lui fit signe de le suivre et entra dans la maison.

Alioscha pénétra dans une grande salle mal éclairée, où les trois prisonniers et une demi-douzaine de soldats somnolaient autour d’un poêle. Jekhlov traversa la salle sans s’arrêter. Tous les soldats levèrent la tête pour suivre des yeux le moujik, mais les deux frères eurent le temps de se reconnaître, et un sourire de bonheur illumina le visage de Mitia.

Jekhlov fit monter Alioscha à l’étage au-dessus. Les deux hommes s’assirent.

— Ne perdons pas de temps, commença Jekhlov. Vous voulez faire évader votre frère Dmitri Fédorovitch, n’est-ce pas ?

Alioscha inclina la tête.

— En ce qui me concerne, vous savez quelles sont mes conditions ?