les billets de chemin de fer ; j’ai déjà les passe-ports.
— C’est merveilleux ! s’écria Mitia au comble de l’enthousiasme, et tout cela sans compromettre personne ! Ah ! frère, je suis ravi que ce soit toi, Alioscha, qui te charges de me sauver… comme un ange ! Te rappelles-tu qu’un jour, j’ai voulu me confesser à toi, parce que tu es un ange ? Tu m’as toujours paru un ange…
Les deux frères s’embrassèrent.
— J’entends qu’on vient, reprit Dmitri ; c’est l’heure, amis ! Karamazov va partir. Mais ce n’est pas un réel adieu… Grouschka, fit-il brusquement, fallait-il donc tout cela pour t’avoir, pour te mériter ?…
La porte s’ouvrit, le geôlier annonça qu’il venait chercher le prisonnier.
— Konstantin Semenovitch est déjà à cheval ; il jure qu’il vous fera marcher tous trois à coups de knout ! C’est un homme violent, Dmitri Fédorovitch.
— Il est ivre, dit Dmitri en haussant les épaules. Adieu ! Alioscha, Grouschka, adieu ! adieu !
On entendait dans la cour de la prison des voix d’hommes, une surtout qui les dominait toutes, une voix rauque et violente, mêlée à des piaffements de cheval. Dmitri descendit, il était très-pàle, les yeux brillants de fièvre, les dents serrées. Il prit place à côté des deux autres condamnés. Bondarev le gratifia d’un juron, les soldats entourèrent les prisonniers et le petit détachement sortit de la cour. Quatre troïkas l’attendaient.
Au moment où Mitia montait en voiture, Alioscha lui cria :
— Patience, frère !