— Oui, il faut choisir, répéta Alioscha d’une voix étrange, oui, Katherina Ivanovna, le moment est venu, il faut choisir.
— Je vous comprends, je sais tout ce que vous pensez, je sais qu’en vous-même vous condamnez mes tergiversations. Quel est celui que j’aime, n’est-ce pas ? Si c’est Ivan ce ne peut-être Mitia, n’est-ce pas ?
Alioscha sourit.
— Pourquoi riez-vous ? demanda doucement la jeune fille.
— Si c’est Ivan, ce ne peut-être Dmitri…
— Eh bien ?
— Qui sait ? Peut-être est-ce Karamazov que vous aimez…
— Oh ! Alioscha, cessez, vous me faites souffrir ! Voyez-vous, tranchez vous-même mes doutes. Dites, qui faut-il que j’aime ?
Elle était belle comme au moment tragique de sa déposition devant le tribunal. À coup sûr elle parlait sincèrement : comme alors, elle jouait maintenant encore tout son avenir, sur un mot. Alioscha devint très-grave. Il prit dans les siennes les mains de la jeune fille et lui répondit d’une voix profonde.
— J’y ai beaucoup pensé, toute cette nuit. Si mon frère Ivan ne devait point guérir, je refuserais de vous donner un conseil. Mais j’ai revu hier au soir le docteur Varvinsky, et il assure qu’Ivan guérira si le traitement actuel continue : « Des soins de femme, et de femme aimante et intelligente, la science n’a pas encore inventé pour les maladies mentales une médication meilleure que celle-là : si Katherina