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— Et si je rencontrais quelqu’un ? dit-elle tout bas en pâlissant de nouveau.

— C’est pourquoi il faut venir tout de suite : il n’y a personne maintenant, vous pouvez m’en croire. Nous vous attendons, dit-il avec fermeté.

Il sortit.

II

Il se hâta vers l’hôpital où était maintenant Mitia. Dès le lendemain du jugement, il avait eu un accès de fièvre nerveuse et avait été envoyé à cet hôpital, où d’abord on lui assigna un lit dans la salle commune des condamnés. Mais le docteur Varvinsky, sur la prière d’Alioscha, de madame Khokhlakov, de sa fille et de bien d’autres, avait fait mettre Mitia dans une chambre à part. Il est vrai qu’à la porte se tenait un factionnaire et que la fenêtre était grillagée : Varvinsky pouvait donc être rassuré sur les conséquences de sa complaisance. On avait aussi permis aux parents et aux amis du malade de le visiter. Mais Alioscha et Grouschegnka profitaient seuls de cette permission. Alioscha s’était entendu avec Varvinsky pour empêcher le séminariste Rakitine de parvenir jusqu’à Mitia.

Alioscha trouva son frère assis sur sa couchette, dans sa robe d’hôpital. Dmitri avait un peu de fièvre, sa tête était entourée d’une serviette mouillée de vinaigre et