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— Pourquoi ?

— Je ne sais pas. Je crois que c’est un officier qui l’a envoyé chercher en tarentas…

Mitia se précipita comme un fou dans la maison.

III

Fénia et Matrona se préparaient à se coucher. Mitia prit Fénia à la gorge.

— Tout de suite… cria-t-il, avec qui est-elle à Mokroïe ?

Les deux femmes jetèrent un cri.

— Aïe ! Je vais vous le dire ! Aïe ! cher Dmitri Fédorovitch, je vous dirai tout ! je ne vous cacherai rien !

— Quel est cet officier ?

— Son officier d’autrefois, celui qui l’a abandonnée, il y a cinq ans.

Dmitri lâcha Fénia. Il restait muet, pâle comme un mort. Mais son regard disait qu’il avait tout compris, jusqu’au dernier détail. La pauvre Fénia était toujours terrifiée et se tenait sur la défensive : Dmitri avait les mains tachées de sang. En route, quand il courait, il avait sans doute porté son mouchoir à son visage pour essuyer la sueur, de sorte qu’au front et à la joue droite il portait de larges taches rouges. La vieille cuisinière était paralysée d’épouvante.

Il s’assit machinalement auprès de Fénia. Il réfléchissait. Tout se révélait clairement à sa pensée. Grous-