regarder personne, le front penché, comme perdu en ses pensées. Il était vêtu correctement, mais son visage portait les traces de sa maladie : il y avait la pâleur du sépulcre sur ce visage, c’était le visage d’un homme qui se meurt ; les yeux se voilaient. Il leva la tête et regarda circulairement la salle.
Alioscha se dressa et laissa échapper un « Ha ! » mais personne n’y prit garde.
Le président rappela à Ivan qu’il était témoin non assermenté, qu’il pouvait taire ou dire ce que bon lui semblerait, etc. Ivan Fédorovitch écoutait, les yeux vagues. Tout à coup, ses traits se détendirent dans un sourire, et aussitôt que le président, qui le regardait avec étonnement, eut fini, Ivan éclata de rire.
— Et puis quoi encore ? demanda-t-il à haute voix. Il se fit un silence. Le président s’agita.
— Vous… peut-être êtes-vous encore indisposé ? dit-il en cherchant du regard l’huissier,
— Ne vous inquiétez pas, Votre Excellence, je me sens suffisamment bien et puis vous raconter quelque chose de très-curieux, dit Ivan d’un ton tranquille et décent.
— Vous avez une communication particulière à nous faire ? demanda le président avec une certaine méfiance.
Ivan Fédorovitch baissa la tête et garda le silence durant quelques secondes, puis, se redressant, répondit :
— Non… je n’ai rien à dire de particulier.
On l’interrogea. Il parlait à peine, laconiquement, avec une sorte de dégoût, mais sans incohérence. Il dit ne rien savoir sur les comptes pécuniaires qui faisaient le fond des différends de Fédor Pavlovitch et de Dmitri.