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de Smerdiakov que les paroles de votre frère el l’expression de son visage ?

— Non.

Le procureur se tut.

La déposition d’Alioscha produisit une très-mauvaise impression.

Fetioukovitch prit la parole. Il demanda à Alioscha à quel moment précis l’accusé lui avait parlé de sa haine pour son père. Alioscha tressaillit comme si un souvenir imprévu lui revenait et raconta la scène sur la route du monastère, en insistant sur le geste de Mitia se frappant la poitrine, — geste qu’Alioscha n’avait pas compris alors, mais qui ne pouvait avoir trait, il en était convaincu maintenant, qu’à l’amulette où étaient cachés les quinze cents roubles.

— Précisément, cria Mitia de sa place, c’est cela, Alioscha, c’est cela ! C’est sur elle que je frappais.

Fetioukovitch le supplia de se taire et revint aussitôt avec instance à Alioscha.

— C’est cela ! c’est bien cela ! s’écria Alioscha très animé. Mon frère m’a dit à ce moment qu’il pourrait encore se laver de la moitié de sa honte, mais qu’il était si peu maître de lui qu’il n’en ferait rien…

— Et vous vous rappelez nettement qu’il se frappait à cet endroit de la poitrine ? demandait avidement Fetioukovitch.

— Très-nettement ! Je me demandais même alors : « Pourquoi se frappe-t-il si haut ? le cœur est plus bas ! » C’est à cause de ce détail que ce souvenir m’est resté.

Le procureur se mêla à la lutte pour demander si