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fut obligé, comme les autres, de répondre à la question : « Avez-vous vu le paquet de trois mille roubles ? » qu’il ne l’avait jamais vu personnellement.

— Permettez-moi de vous demander, continua le défenseur avec un sourire aimable, si vous n’avez pas beaucoup connu madame Svitlova (Grouschegnka) ?

— Je ne suis pas responsable de toutes les personnes que je connais… Je suis un jeune homme… dit Rakitine en rougissant.

— Oh ! je comprends, je comprends à merveille, dit le défenseur en feignant lui-même de regretter sa question indiscrète. Vous avez fort bien pu vous intéresser comme tout le monde à une jeune et belle femme qui recevait chez elle la fleur de la jeunesse de cette ville ; mais je voulais seulement vous demander un renseignement. Vous savez qu’il y a deux mois, madame Svitlova désirait vivement faire la connaissance du plus jeune des Karamazov, Alexey Fédorovitch. Elle vous a promis vingt-cinq roubles, si vous le lui ameniez dans le costume de novice qu’il portait alors. Vous avez conduit Alexey Fédorovitch chez madame Svitlova et vous avez reçu vingt-cinq roubles. Je voulais savoir si le fait est vrai.

— C’était une plaisanterie… Je ne vois pas en quoi cela vous intéresse… J’ai pris cet argent par plaisanterie, pour le rendre après.

— Par conséquent, vous l’avez pris, mais vous ne l’avez pas encore rendu… ou bien l’auriez-vous déjà rendu ?

— Bagatelles ! murmura Rakitine. Certes, je le rendrai. Le président intervint. Le défenseur déclara qu’il n’avait plus rien à demander à M. Rakitine.