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l’ai pas volé non plus, non, jamais. Je n’aurais pu voler. Dmitri Karamazov est un vaurien, mais un voleur, non !

Il prononça ces paroles avec emportement et s’assit tout frémissant.

Le président lui fit observer qu’il devait répondre le plus brièvement possible.

On procéda à la formalité du serment des témoins. Les deux frères de Mitia en étaient naturellement exemptés. Après les exhortations du pope et de son président à « dire toute la vérité et seulement la vérité », on fit sortir les témoins pour les rappeler ensuite l’un après l’autre.

II

On interrogea d’abord les témoins à charge, et chacun remarqua toute la gravité de l’accusation. La culpabilité ressortait si évidemment de leurs dépositions, qu’on se rendit aussitôt compte que les débats n’auraient lieu que pour la forme, que l’accusé était réellement coupable.

On commença par interroger Grigori.

Quand il eut répondu au procureur, ce fut au défenseur à l’interroger. Il se mit aussitôt à le questionner au sujet de ce paquet où étaient, « disait-on », cachés trois mille roubles destinés à « une certaine personne ».

— L’avez-vous vu vous-même, vous en qui votre barine avait depuis si longtemps confiance ?

Grigori répondit qu’il ne l’avait jamais vu et qu’il n’en