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LIVRE X

UNE MÉPRISE JUDICIAIRE.

I

Le lendemain, à dix heures du matin, la séance du tribunal s’ouvrit et le jugement de Dmitri Fédorovitch Karamazov commença ; cette affaire a eu un grand retentissement dans tout le pays. On est venu, pour la suivre, de Moscou et même de Pétersbourg. Les femmes étaient pour Mitia et souhaitaient son acquittement ; la plupart des hommes étaient contre lui.

Longtemps avant l’heure, la salle était pleine. On se montrait les pièces à conviction, sur une table devant les juges : la robe de chambre ensanglantée de Fédor Pavlovitch, le pilon, la chemise et la redingote de Mitia, son mouchoir, ses pistolets, l’enveloppe des trois mille roubles.

À la droite des juges se tenaient les douze jurés : trois tchinovniks, deux marchands, six moujiks et un mechtchanine. On se demandait comment des gens si simples, surtout ces moujiks, pourraient comprendre une affaire de psychologie si compliquée. Pourtant leur attitude imposait le respect.