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instinctivement, et se mit à écouter : un silence de mort, un calme complet, pas un souffle.

Pas d’autres bruits que ceux du silence…


pensa-t-il.

« Pourvu que personne ne m’ait entendu ! Je crois que non… »

Il attendit encore, puis se mit à marcher doucement à travers le jardin. Il évitait les branches d’arbres, étouffait le bruit de chacun de ses pas et se dirigeait vers la fenêtre éclairée. Il se rappela que, juste au-dessous des fenêtres, il y avait une rangée de sureaux et d’aubiers ; la porte qui donnait accès de la façade gauche de la maison dans le jardin était fermée : il s’en assura en passant. Enfin, il arriva à la rangée d’arbres et se blottit dans leur ombre. Il retenait sa respiration.

« Il faut attendre. S’ils m’ont entendu, ils écoutent maintenant… Pourvu que je n’aille pas tousser ou éternuer… »

Il attendit deux minutes. Son cœur battait ; par instants, la respiration lui manquait.

« Non, ces battements de cœur ne passeront pas… Je ne puis plus attendre. »

Il restait dans l’ombre de l’arbre, dont l’autre partie était éclairée par la fenêtre.

« C’est un aubier… Comme ses fruits sont rouges ! » murmura-t-il.

Doucement, d’un pas régulier, il s’approcha de la fenêtre et se hissa sur la pointe des pieds. Il distinguait tout dans la chambre de Fédor Pavlovitch.