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En sortant, il fit une chose qui étonna les deux femmes : il prit dans un mortier, sur la table, un pilon en cuivre et le mit dans sa poche.

— Ah ! Seigneur ! il va tuer quelqu’un !

II

Où courait-il ? Cela va de soi :

« Où peut-elle être, sinon chez Fédor Pavlovitch ? Elle y est allée directement de chez Samsonnov, c’est clair ! Toute cette intrigue est transparente… Tous sont contre moi, Maria Kondratievna, Smerdiakov, tous achetés ! »

Il prit par la ruelle, derrière la maison de Fédor Pavlovitch, parvint à la grande barrière qui entourait le jardin ; il chercha une place et choisit précisément celle qu’avait, au dire de la légende, escaladée Smerdiachtchaïa.

« Si elle a pu passer là, songeait-il, j’y passerai bien ! »

Il fit un bond, s’accrocha d’une main au haut des planches, s’arc-bouta et se mit à cheval sur la barrière. Tout auprès était la petite salle de bains : à travers les arbres brillait une fenêtre éclairée de la maison.

« C’est cela ! c’est éclairé dans la chambre à coucher du vieux… Elle y est ! »

Et il sauta dans le jardin.

Quoiqu’il sût que Grigori et Smerdiakov étaient malades, que personne ne pouvait l’entendre, il resta immobile,