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proposa un plan d’évasion et mit de côté pour l’exécution de ce plan trente mille roubles. Peut-être le mot de Smerdiakov : « qu’Ivan désirait que Mitia accomplît le crime afin qu’il fût frustré de sa part dans l’héritage », n’était-il pas pour rien dans cette détermination d’Ivan. « D’ailleurs, au fond de mon âme, je suis peut-être aussi coupable que lui-même », se disait-il.

La phrase de Katherina Ivanovna devant Alioscha : « C’est toi seul qui m’as assuré que Mitia est coupable ! » décida Ivan à faire une troisième visite à Smerdiakov. C’était elle pourtant qui lui avait prouvé par ce document la culpabilité de Mitia ! Et voilà qu’elle était allée chez Smerdiakov ! Elle n’était donc pas bien convaincue ? Et qu’avait pu lui dire Smerdiakov ?

« Je le tuerai peut-être, cette fois ! » songeait Ivan en se dirigeant vers l’izba de l’ancien laquais.

VI

En lui ouvrant. Maria Kondratievna pria Ivan de ne pas retenir trop longtemps Smerdiakov, parce qu’il était très fatigué. Ivan Fédorovitch entra dans l’izba. Elle était toujours aussi surchauffée. Il y avait quelques changements dans la chambre : on avait substitué à l’un des bancs un grand divan recouvert de cuir avec des oreillers. Smerdiakov, toujours vêtu de sa vieille robe de chambre, se tenait assis sur le divan.