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Ivan ne répondit pas.

Alioscha resta quelques instants près du réverbère jusqu’à ce qu’Ivan eût disparu dans l’obscurité, puis reprit son chemin. Ni lui ni Ivan Fédorovitch n’habitaient plus dans la maison de leur père. Alioscha avait loué une chambre meublée dans la maison d’un mechtchanine. Ivan occupait une maisonnette dans un quartier excentrique. Depuis deux mois il s’était plu à rester seul, servi par une très-vieille femme sourde. En s’approchant de sa porte, il prit le cordon de la sonnette, puis tout à coup le laissa. Il se sentait secoué d’un frisson de colère. Il se dirigea brusquement vers une maison située à deux verstes de la sienne et où habitait Smerdiakov.

IV

C’était, depuis son retour de Moscou, la troisième visite qu’Ivan Fédorovitch faisait à Smerdiakov.

Il s’étonnait qu’Alioscha ne voulût même pas soupçonner Mitia et accusât si nettement Smerdiakov d’être l’assassin. Tous les détails de l’interrogatoire, qu’on lui avait communiqué, et ses entrevues avec Mitia avaient convaincu Ivan de la culpabilité de son frère. — Disons, à ce propos, qu’il n’aimait pas son frère Dmitri. C’est tout au plus s’il éprouvait pour lui de la pitié, mêlée à un profond mépris.

Aussitôt après sa première entrevue avec Mitia, Ivan s’était rendu à l’hôpital, où Smerdiakov était alité. Le doc-