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n’osais pas encore te faire cette question, à toi ! à toi ! Va-t’en maintenant, va-t’en ! Que Dieu te bénisse ! va-t’en et aime Ivan.

Alioscha sortit tout en larmes ; la méfiance de Mitia révélait un désespoir si profond ! Une pitié infinie envahissait Alioscha. « Aime Ivan… » Alioscha allait précisément chez Ivan. Ivan l’inquiétait autant que Mitia, — et à cette heure plus que jamais.

III

Chemin faisant, il remarqua de la lumière aux fenêtres de Katherina Ivanovna. Il s’arrêta et se décida à entrer. Il n’avait pas vu Katia depuis plus d’une semaine, — puis il pensait qu’Ivan, à la veille d’un tel jour, serait peut-être chez elle. Dans l’escalier, faiblement éclairé par une lanterne chinoise, il aperçut un homme qui descendait et en qui il reconnut son frère.

— Ah ! ce n’est que toi ? dit sèchement Ivan Fédorovitch. Adieu… Tu vas chez elle ?

— Oui.

— Je ne te le conseille pas. Elle est agitée, tu la troubleras.

— Non ! cria une voix en haut de l’escalier. Alexey Fédorovitch, vous venez de chez lui ? Vous a-t-il envoyé auprès de moi ? Entrez donc, et vous aussi, Ivan Fédorovitch, remontez, je le veux, entendez-vous ?