— Il t’a recommandé de ne m’en rien dire ?
— Particulièrement. Ne lui dis pas que je t’ai fait cette confidence. Il craint que tu ne sois la voix de la conscience, ma conscience vivante…
— Tu ne crois donc pas te justifier demain ? Mitia secoua la tête négativement.
— Alioscha, dit-il tout à coup, il est temps que tu partes. Embrasse-moi, fais le signe de la croix sur moi pour que je puisse supporter mes souffrances… demain…
Ils s’embrassèrent.
— Et Ivan qui me conseille de m’enfuir ! Et pourtant il croit que j’ai tué.
— Le lui as-tu demandé ?
— Non, Je voulais le lui demander, mais je n’en ai pas eu la force. J’ai vu cela à sa manière de me regarder… Allons, adieu !
Ils s’embrassèrent de nouveau ; Alioscha allait sortir quand Mitia l’arrêta de nouveau et le saisit par les épaules. Son visage était d’une pâleur effrayante, ses lèvres se contractaient, son regard semblait percer Alioscha.
— Comme devant Dieu, Ahoscha, dis-moi la vérité : Crois-tu que j’ai tué ? La vérité tout entière !
Alioscha se sentit défaillir.
— Voyons, qu’as-tu ?… murmura-t-il.
— La vérité ! la vérité tout entière ! Ne mens pas.
— Je n’ai pas cru un seul instant que tu sois un assassin, dit Alioscha d’une voix tremblante.
Il leva la main comme s’il prenait Dieu à témoin.
— Merci ! dit Mitia en soupirant comme s’il revenait d’un évanouissement. Tu m’as sauvé. Croiras-tu que je