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II

Il était déjà tard quand Alioscha sonna à la porte de la prison. La nuit allait tomber. Mais Alioscha savait qu’on le laisserait entrer, car tout le monde avait de la sympathie pour lui, les derniers des geôliers avaient plaisir aie voir.

Mitia recevait ses visiteurs dans le parloir.

En entrant, Alioscha se heurta contre Rakitine qui sortait.

Alioscha n’aimait pas se rencontrer avec Rakitine et ne lui parlait presque pas. Rakitine fronça les sourcils et regarda d’un autre côté, semblant très-occupé à boutonner son paletot, puis il se mit à chercher son parapluie.

— Pourvu que je n’oublie rien ! dit-il, pour dire quelque chose.

— Surtout n’oublie pas de laisser ce qui ne t’appartient pas ! dit Mitia en riant.

Rakitine s’enflamma aussitôt.

— Recommande cela à la race des Karamazov, non pas à Rakitine !

— Qu’est-ce qui te prend ? Je plaisantais… Ils sont tous ainsi, dit-il à Alioscha quand Rakitine fut sorti. Il était tout joyeux, et voilà qu’il se fâche. Il ne t’a même pas salué ! Êtes-vous brouillés ? Pourquoi es-tu venu si tard ? J’étais si impatient de te voir !… Mais n’importe…

— Pourquoi vient-il si souvent chez toi ? Êtes— vous intimes ?…