— Messieurs, vous êtes bons, humains, voulez-vous me la laisser revoir, lui dire un dernier adieu ?
— Sans doute, mais… en notre présence.
— Soit.
On amena Grouschegnka. L’adieu fut court. Ils parlèrent peu, au grand regret de Nikolay Parfenovitch. Grouschegnka fit à Mitia un profond salut.
— Je t’ai dit que je suis à toi, que je t’appartiens pour toujours, que je te suivrai partout où l’on t’enverra. Adieu, toi qui souffres injustement !…
Ses lèvres frémissaient, elle pleurait.
— Pardonne-moi, Grouscha, de t’aimer, mon amour te fait tant souffrir !
Il voulait parler encore, mais il se tut et sortit. Aussitôt s’empressèrent autour de lui des gens qui ne le perdaient pas de vue.
Deux télègues l’attendaient au bas du perron. Près de la porte cochère s’étaient amassés des moujiks et des babas pour le regarder passer.
— Adieu, gens de Dieu ! pardonnez-moi, leur cria Mitia déjà monté en télègue.
— Pardonne-nous toi-même ! lui répondirent deux ou trois voix.
Les télègues s’ébranlèrent, la sonnette tinta : Mitia était parti.