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— Messieurs, s’écria-t-il, je vois bien que je suis perdu, mais elle ? Dites-moi, je vous en supplie, est-elle compromise avec moi ? Elle est innocente ! Elle ne savait pas ce qu’elle disait quand elle criait que c’était elle qui avait tout fait ! Ne voulez-vous pas me dire ce que vous ferez d’elle ?

— Tranquillisez-vous à ce propos, Dmitri Fédorovitch, s’empressa de dire le procureur. Nous n’avons, pour le moment, aucun motif pour inquiéter en rien la personne qui vous intéresse tant. Ultérieurement, je ne vois rien qui puisse changer nos dispositions à son égard. Nous ferons d’ailleurs, en sa faveur, tout ce que nous pourrons.

— Messieurs, je vous remercie, je savais malgré tout que vous êtes honnêtes et justes. Vous m’ôtez un lourd fardeau de l’âme… Qu’exigez-vous de moi, maintenant ? Je suis prêt.

— Nous allons passer à l’interrogatoire des témoins, devant vous…

— Si nous prenions du thé ? interrompit Nicolay Parfenovitch. Nous l’avons bien mérité, je crois.

On apporta du thé. Mitia, qui avait d’abord refusé la tasse que lui offrait Nicolay Parfenovitch, la prit ensuite de lui-même et but avec avidité. Il était exténué. « Encore un peu, pensait-il, je perdrais la raison. »

VII

L’interrogatoire des témoins commença.

Le point sur lequel Nicolay Parfenovitch attirait parti-