propre aveu ! Il ne s’agit plus de cela : cet argent était à moi, à moi, c’est-à-dire… que je l’avais volé… Pas à moi, eneflet, mais volé par moi. Il y avait quinze cents roubles. Je les portais sur moi depuis longtemps…
— Mais d’où vous venaient-ils ?
— Je les portais sur ma poitrine, ici, suspendus, cousus dans un chiffon. Je les portais depuis tout un mois, comme un palpable témoignage de mon ignominie.
— Mais à qui était cet argent que vous avez… que vous vous êtes approprié ?
— Vous alliez dire : volé. Parlez donc franchement ! D’ailleurs je l’ai volé, en effet, — ce que vous traduisez élégamment par « approprié ». Je l’ai volé, mais c’est hier soir seulement que le vol est devenu définitif.
— Hier soir ? Mais vous venez de dire qu’il y a déjà un mois que vous… vous l’êtes procuré ?
— Oui, mais il ne venait pas de mon père. Il venait d’elle. Laissez-moi vous raconter… ne m’interrompez pas… Il m’est pénible… Voyez-vous, il y a un mois, Katherina Ivanovna Verkhovtseva, mon ancienne fiancée, m’appela… Vous la connaissez ?
— Comment donc !
— Je sais que vous la connaissez, une âme noble entre toutes, mais elle me hait depuis très-longtemps, et non sans raison.
— Katherina Ivanovna ? demanda Nikolay Parfenovitch.
Les juges s’étonnèrent.
— Oh ! ne jetez pas son nom dans le flot des noms vulgaires. Je suis un misérable d’oser vous parler d’elle… Oui, je voyais bien qu’elle me haïssait… il y a longtemps…