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me traitent comme un chien ! » Sa colère redoubla quand il vit revenir Nikolay Parfenovitch avec un moujik portant, non pas les habits de Mitia comme il l’avait espéré, mais d’autres habits.

— Voici des vêtements, dit Nicolay Parfenovitch. C’est M. Kalganov qui vous les offre, la chemise est propre. Il avait par bonheur tout cela dans sa malle. Quant à vos chaussettes, vous pouvez les reprendre.

— Je ne veux pas des habits des autres, dit-il avec rage. Rendez-moi les miens !

— Cela ne se peut.

— Donnez-moi les miens, vous dis-je ! Au diable Kalganov et ses habits !

On eut de la peine à lui faire entendre raison.

Enfin, tant bien que mal, on réussit à lui faire comprendre que ses habits tachés de sang devaient être consignés parmi les pièces à conviction. Mitia, morne, se vêtit en silence. Il fit seulement remarquer que l’habit qu’on lui donnait était plus riche que le sien et ridiculement étroit :

— Me voilà mis comme un bouffon : êtes-vous contents ? On le pria de rentrer dans la salle. Il était sombre et évitait tous les regards, se sentant humilié par ces vêtements étrangers. Il reprit sa place en face des juges.

— Maintenant, allez-vous me fouetter avec des verges ? II ne vous reste plus que cela à faire, dit-il au procureur.

Il ne daignait plus adresser la parole à Nicolay Parfenovitch. « Il a trop minutieusement examiné mes chaussettes ! Il les a même fait retourner, le vaurien ! Pour que tout le monde voie qu’elles sont sales ! »