Outre le juge et le procureur, quelques moujiks avaient suivi Mitia derrière les rideaux.
— Faudra-t-il ôter même ma chemise ? demanda-t-il sèchement à Nicolay Parfenovitch.
Le juge ne répondit pas, tant il était intéressé par l’examen des habits.
— Je vous demande pour la seconde fois s’il faut ôter ma chemise, oui ou non ? répéta Mitia.
— Ne vous inquiétez pas, nous vous informerons à temps, dit Nicolay Parfenovitch d’un ton qui parut impérieux à Mitia.
Les juges causaient entre eux tout en palpant les habits, y cherchant de l’argent. « Comme s’ils avaient affaire à un voleur, et non à un officier ! » grommela Mitia.
On prit note des taches de sang de la redingote.
— Permettez, s’écria tout à coup Nicolay Parfenovitch en apercevant la manche de la chemise de Mitia tachée de sang et retroussée, permettez ! c’est du sang ?
— Du sang.
— Quel sang ? Pourquoi votre manche est-elle retroussée ?
Mitia expliqua que Perkhotine lui avait conseillé de retrousser la manche de sa chemise.
— Il faut ôter aussi votre chemise, elle constitue une importante pièce à conviction.
Mitia rougit de rage.
— Alors je vais rester tout nu ?
— Ne vous inquiétez pas, nous arrangerons cela. Ayez aussi l’obligeance d’ôter vos chaussettes.
— Vous ne plaisantez pas ? Est-ce donc nécessaire ?