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tion : Où a-t-il pris cet argent ? implique pour moi une honte pire que l’assassinat, pire que le parricide compliqué de vol. Voilà pourquoi je me tais. Quoi ! vous notez cela ?

— Oui, nous en prendrons note, répondit d’un air confus Nicolay Parfenovitch.

— Vous ferez pourtant bien de ne pas mentionner ce que j’ai dit à propos de la « honte »… Je n’ai parlé de cela que par complaisance… Pourtant… écrivez si bon vous semble, ajouta Dmitri d’un air dégoûté, je ne vous crains pas et… je n’abdique pas ma fierté devant vous.

— Ne nous expliquerez-vous pas de quel ordre est cette honte ? demanda Nicolay Parfenovitch avec une sorte de timidité.

Le procureur fronça les sourcils, laissant voir une extrême irritation.

— N-i ni, c’est fini, ne prenez pas la peine d’insister. Je ne me suis que trop avili déjà, c’est assez. J’ai fini.

Mitia prononça ces paroles d’un ton décidé. Nicolay Parfenovitch n’insista plus, mais il comprit aux regards d’Hippolyte Kirillovitch qu’il n’avait pas encore tout à fait renoncé.

— Ne pourriez-vous pas au moins nous dire la somme que vous aviez entre les mains quand vous êtes entré chez Perkotine, c’est-à-dire combien de roubles ?

— Je ne puis pas le dire non plus.

— Je crois que vous avez parlé à M. Perkhotine de trois mille roubles que vous aviez reçus de madame Khokhlakov.

— Peut-être ai-je dit cela, mais n’insistez pas, vous ne saurez pas la somme.

— Soit, passons… Ayez donc l’obligeance de nous dire