— Vous ne saviez plus ce que vous faisiez.
— Pardon, je le savais très-bien. Maintenant encore je me rappelle les plus minces détails. Je suis redescendu pour voir… j’ai essuyé son sang avec mon mouchoir.
— Nous avons vu votre mouchoir. Vous espériez ramener le blessé à la vie ?
— Je ne sais pas… Je voulais tout simplement savoir s’il vivait encore.
— Ah ! vous vouliez savoir ? Eh bien ?
— Je ne suis pas médecin, je n’ai pu me faire aucune conviction et je suis parti en craignant de l’avoir tué.
— Très-bien, je vous remercie, c’est tout ce qu’il me fallait. Veuillez continuer.
Le procureur était satisfait de lui-même. « J’ai poussé à bout cet homme irritable, pensait-il, je l’ai houspillé avec des « futilités » et il a donné dans le panneau. »
Mitia se disposait à continuer, quand Nikolay Parfenovitch l’interrompit :
— Comment avez-vous pu aller chez Petre Iliitch avec votre visage et vos mains souillés de sang.
— Mais je n’en savais rien !
— C’est vraisemblable.
Mitia allait s’étendre sur son dessein de « laisser le chemin libre », mais il ne pouvait se résoudre à parler devant ces hommes de la « reine de son cœur ». Aux questions qu’on lui faisait, il répondait maintenant avec une netteté et une sécheresse imprévues.
— Eh bien, j’étais résolu à me tuer. Que faire désormais ? L’ancien amant de Grouschegnka venait réparer le tort qu’il lui avait fait, derrière moi la honte et puis ce