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LIVRE III

LES SENSUELS.

I

La maison de Fédor Pavlovitch Karamazov était située à l’extrémité de la ville, mais pas tout à fait dans la banlieue ; une maison d’un étage, avec un pavillon, peinte en gris, le toit en fonte rougie. C’était spacieux et confortable.

Il y avait un grand nombre de cabinets noirs et d’escaliers dérobés. Les rats y pullulaient en liberté ; Fédor Pavlovitch ne les détestait pas : « On s’ennuie moins, le soir, quand on est seul… » Et il envoyait, tous les soirs, ses domestiques dans le pavillon et s’enfermait seul pour la nuit. Le pavillon, situé dans la cour, était grand et bien bâti. Fédor Pavlovitch y avait installé une cuisine, quoiqu’il en eût une autre dans la maison ; il n’aimait pas l’odeur de la cuisine. La maison aurait pu loger cinq fois plus de monde qu’elle n’en contenait. Fédor Pavlovitch y habitait avec Ivan Fédorovitch. Le pavillon renfermait les chambres de trois domestiques : le vieux Grigory, sa femme Martha et le valet Smerdiakov, encore un tout jeune homme.