naîtrez enfin la force divine qui vous a guidée et soutenue.
— Excusez-moi de vous laisser, on m’attend. Au revoir.
La dame pleurait.
— Bénissez donc Liza ! s’écria-t-elle.
— Elle ne le mérite pas, dit le starets en riant, elle n’a pas cessé de faire des espiègleries depuis qu’elle est là. Qu’a-t-elle donc tant à rire d’Alexey ?
En effet, Lise avait remarqué la confusion d’Alioscha, chaque fois que leurs regards se rencontraient : aussi épiait-elle les yeux du jeune homme qui les baissait aussi souvent qu’il les levait, et dut enfin se détourner et se cacher derrière le starets. Mais bientôt après, comme poussé par une force irrésistible, il risqua un regard pour voir ce que faisait Liza : elle était penchée en dehors de son fauteuil et attendait qu’Alioscha se laissât voir. Dès qu’elle l’aperçut, elle éclata de rire si bruyamment que le starets ne put s’empêcher de dire :
— Pourquoi donc, petite espiègle, vous amusez-vous à le rendre honteux ?
Liza rougit, ses yeux étincelèrent, son visage devint sérieux, et elle se mit à parler nerveusement et vivement.
— Pourquoi a-t-il tout oublié ? Toute petite il me portait sur ses bras, et nous jouions ensemble. Il m’apprenait à lire… Il y a deux ans, en nous quittant, il promettait de ne jamais m’oublier, que nous serions des amis éternels, éternels, éternels !… Et voilà qu’il se joue de moi, maintenant ? Croit-il que je vais le manger, quoi ?… Pourquoi ne veut-il pas s’approcher, me regarder ? Pourquoi ne vient-il pas chez nous ? Est-ce vous qui le lui défendez ? Il a pourtant le droit d’aller partout ! Il est