290 LES FRERES KARAMAZOV.
— Tu veux partir, Alioscha? Tu m'as bouleversée et tu me laisses seule ?
— Crois-tu qu'il va rester coucher chez toi? A moins qu'il le veuille, soit! je partirai seul.
— Tais-toi, méchant homme! s'écria avec colère Grous- chegnka... Il a eu le premier, le seul, pitié de moil Pour- quoi n'es-tu pas venu plus tôt, Alioscha?
Elle tomba devant lui à genoux.
-- Toute ma vie je t'ai attendu, je savais que tu vien- drais m'apporter le pardon ; j'avais la foi que tu m'aime- rais pour autre chose que ma honte!...
— Que t'ai-je donc fait? dit Alioscha ému.
Il se pencha vers elle et lui prit tendrement la main. Les larmes coulaient sur son visage.
A ce moment on entendit du bruit dans le vestibule. Grouschegnka se leva, pleine d'elTroi. Fénia accourut en criant :
— Barinia! ma chère petite barinia, l'estafette, l'es- tafette!... Letarentas est arrivé de Mokroïe, attelé d'une troïka, avec le yamstchik Timotéel une lettre, barinia, voici une lettre !
Grouschegnka saisit la lettre et la porta vers la lumière. La lettre ne contenait que quelques mots, elle les lut en un instant.
— L'appel! Il me sifllel Rampe, petit chien!
Elle resta un moment indécise, puis, tout à coup, le sang embrasa sa figure.
— Je pars! Adieu, mes cinq années! Adieu, Alioscha. le sort en est jeté! Allez- vous-enl Allez-vous-en tous d'ici, que j»' iir MMi> Ndic plu^;... Grouschegnka vole vers unr
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