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Plusieurs fois, dans la suite, il se demanda comment il avait pu, en quittant Ivan, oublier si complètement Dmitri. Car ne s’était-il pas promis, quelques heures auparavant, de le revoir, quand bien même il lui faudrait ne pas retourner avant la nuit au monastère ?

VI

Ivan Fédorovitch se dirigea vers la maison de son père. Une sorte d’alanguissement insupportable l’envahissait et augmentait à chaque pas. Ce n’était pas la sensation ellemême qui l’étonnait, mais c’était de ne pouvoir la définir…

Il essaya de ne pas penser. Mais rien n’y fit. Ce qui l’irritait le plus, c’est que cet état singulier restait extérieur à son ûme ; il le sentait. Un être, un objet se dessinait devant lui, comme il arrive parfois que quelque chos » ’ se dresse devant les yeux durant une conversation animéi. quelque chose dont on s’irrite sans en avoir conscien( et qu’on ne remarque qu’au moment où on l’écart » comme, par exemple, un objet qui n’est pas à sa placr un mouchoir tombé à terre, un livre qui manque à so rayon, etc. Enfin, Ivan Fédorovitch, de plus en plus irrite, parvint à la maison paternelle ; à quinze pas de la petite porte, il leva les yeux et devina seulement alors le mot de son inquiétude. Sur un banc, près de la porte cochère, Smerdiakov était assis, prenant le frais. Ivan Fédorovitch