seulement de pain ; — mais tu ne savais pas que l’esprit de la terre , au nom de ce pain de la terre, devait se dresser contre toi , te livrer bataille et te vaincre ! et tous le suivront en criant : « Qui est semblable à cette bète? elle nous a donné le feu du ciel ! » Des siècles passe- ront, et l’humanité proclamera par la bouche de ses sa- vants et de ses sages qu’il n’y a pas de crimes, et, par conséquent, pas de péché; qu’il n’y a que des affamés.
— tt Nourris-les, si tu veux qu’ils soient vertueux! » Ce cri sera la devise de ceux qui se lèveront contre toi, ils l’inscriront sur leur drapeau; et ton temple sera renversé , et à sa place un nouvel édifice s’élèvera , une autre tour de Babel , qui sans doute ne sera pas plus achevée que la première : pourtant, tu aurais pu épargner aux hommes ce nouvel effort et mille ans de souffrances,
— car ils viendront à nous, après avoir peiné mille ans à construire leur tour! ils nous chercheront sous terre, dans les catacombes où nous serons cachés (on nous persécu- tera , on nous martyrisera encore) ; ils nous découvriront et crieront vers nous : t Du pain ! ceux qui nous avaient promis le feu du ciel ne nous l’ont pas donné. » Et c’est nous qui achèverons leur Babel : il n’y manquait que du pain et nous leur en donnerons. Et nous leur en donnerons en ton nom ! Nous savons mentir, nous parlerons en ton nom. Eh ! ne mourraient-ils pas de faim, sans nous? Est-ce leur science qui les nourrira? Point de pain tant qu’ils auront la liberté! Mais ils finiront par nous l’apporter, leur Uberté, par la déposer à nos pieds : « Des chaînes et du pain ! » Ils comprendront que la liberté n’est pas compatible avec une juste répartition du pain