vais plaisant , et auront le temps de pécher ! » Mais ce gamin de huit ans, il ne péchera plus!... Alioscha, je ne blasphème pas. Je comprends combien tressaillira l’univers quand le ciel et la terre se confondront dans le même cri de louange, et quand tout ce qui vit ou a vécu proclamera : t Tu as raison , Seigneur , car ta vérité nous est enfin révélée ! > quand le bourreau , la mère et l’en- fant s’embrasseront en répétant : t Tu as raison, Sei- gneur ! » Certes, alors tout sera accompli, expliqué ! Mais c’est contre cet accomplissement que je me révolte ! (Et je prends mes mesures, à ce sujet, pendant que je suis encore sur la terre.) Vois-tu, Ahoscha, quand je verrai ce moment, il se peut que je m’écrie avec tous les autres, en regardant la mère embrasser le bourreau de son enfant : « Tu as raison. Seigneur ! » mais ce sera contre ma volonté. Je le déclare, pendant que j’en ai le temps , je me refuse à accepter cette harmonie universelle ; je prétends qu’elle ne vaut pas une seule larme d’enfant , parce que cette larme restera tou- jours sans rachat : et, par ce fait même que cette larme ne peut être effacée du monde, elle détruit cette harmonie. Car, comment la racheter? C’est impossible ! Que les bourreaux souffrent en enfer, qu’importe? L’enfant aussi a eu son enfer ! Et puis, qu’est-ce que cette harmonie qui comporte un enfer? Je veux le pardon, le baiser universel, l’abolition de la souffrance, et si la souffrance des enfants sert à compléter la somme de souffrance nécessaire pour acheter la vérité, je prétends que cette vérité ne vaut pas le prix dont on la paye. Je ne veux pas que la mère par- donne au bourreau, elle n’en a pas le droit. Qu’elle lui pardonne ce qu’il lui a fait souffrir à elle, mais non pas ce
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