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moi qu’elle fait tant souffrir. Peut-être même ne le comprendra-t-elle jamais, malgré la leçon d’aujourd’hui. Cela vaut mieux !... Et moi, je pars pour toujours... A propos, comment va-t-elle? Qu’est-il arrivé après mon départ?

Alioscha lui raconta la crise de Katherina Ivanovna , et dit qu’elle avait encore le délire.

— Est-ce qu’elle ne ment pas, cette Khokhlakov ?

— Je ne crois pas.

— Il faut prendre de ses nouvelles. Du reste, jamais personne n’est mort d’une crise de nerfs. Et puis, ce n’est pas un mal, au contraire. C’est par bonté (jue Dieu a donné aux femmes les crises de nerfs. Je n’irai pas chez elle.

— Tu lui as dit qu’elle ne t’a jamais aimé.

— Exprès. Alioscha, je vais demander du Champagne. Buvons à ma liberté ! Non , si tu savais comme je suis content!

— Non, frère, ne buvons pas D’ailleurs, je me sens triste.

— Oui, tu es triste, il y a longtemps que je l’ai remarqué.

— Alors, tu pars décidément demain matin.

— Demain, mais je n’ai pas dit le matin. Il se peut, du reste, que je parte dès le matin. Aujourd’hui, j’ai dîné ici exprès pour échapper au vieux, tant il me dégoûte. Pourquoi t’inquiètes-tu tant au sujet de mon départ? Nous avons encore du temps, toute une éternité.

— Quoi! puisque tu pars demain!

— Qu’est-ce que ça fait? Nous avons toujours le temps de nous dire ce que nous avons à nous dire, ce qui nous