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— Allez donc voir à la porte si maman ne nous écoute pas.

Alioscha obéit, ouvrit la porte.

— Personne, Liza, il n’y a personne.

— Approchez-vous donc, Alexey Fédorovitch, dit-elle en rougissant encore. Donnez-moi votre main, c’est cela. Je dois vous faire une confession. Ma lettre d’hier était sérieuse.

Elle cacha son visage entre ses mains, puis, reprenant la main d’Alioscha, elle la baisa trois fois de suite précipitamment.

— Ah ! Liza, c’est bien ! s’écria Alioscha tout joyeux. Je savais bien que c’était sérieux.

— Ah ! vraiment ? Si sûr ? fit-elle en repoussant la main d’Alioscha tout en la retenant.

Elle rougissait de plus en plus et riait de bonheur.

— Je lui baise la main, et il trouve cela « bien » ! Alioscha était confus.

— Je voudrais vous plaire toujours, Liza, mais je ne sais comment faire, murnmra-t-il en rougissant à son tour.

— Alioscha, mon cher, que vous êtes froid et fat ! Voyez-vous ça ! il a daigné me choisir comme épouse, et le voilà tranquille ! Il était sûr que je lui avais écrit sérieusement ! Quelle fatuité !

— Est-ce donc mal d’avoir cru ce que vous me disiez ?

— Ah ! Alioscha, mais non ! C’est même très-bien, dit-elle en le regardant avec tendresse.

Alioscha restait debout, sa main dans celle de Liza. Tout à coup il se pencha et la baisa sur la bouche.

— Eh ! qu’est-ce que c’est ? qu’avez-vous ? s’écria Liza.