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184 LES FRÈRES KARAMAZOV.

moi des incessantes offenses de Dmitri. depuis leur pre- mière rencontre... Car même cette première rencontre est restée dans sa mémoire comme un souvenir d'offense. Ma part fut de l'entendre dire des paroles d'amour adressées à un autre. Je pars donc, et restez convaincue, Katherina Ivanovna, que vous n'avez jamais aimé que Dmitri Fédo- rovitch Karamazov. Plus il vous offensait, plus vous l'aimiez, tel qu'il est, tel qu'il est précisément, à cause même de ses offenses. S'il devenait meilleur, vous vous détourne- riez de lui, vous cesseriez de l'aimer. Vous aimez en lui l'héroïsme de votre dévouement aux prises avec son infi- délité. Tout cela, par orgueil. Oh ! cela ne va pas sans beau- coup d'humiliations, bien des affronts; mais humiliations et affronts sont encore des prétextes pour votre orgueil. Je suis trop jeune, je vous aime trop, j'aurais mieux fait de ne vous rien dire, de vous quitter silencieusement. Vous seriez moins offensée, peut être. Mais je vais loin et .je ne reviendrai pas... C'est donc pour toujours... J'ai tout dit. Adieu, Katherina Ivanovna. Ne soyez pas fùchée contre moi. Je suis cent fois plus puni que vous, puni par ce seul fait que je ne vous reverrai plus. Adieu. Je ne veux pas prendre votre main. Vous m'avez trop fait souffrir et trop consciemment pour que je puisse pardonner à cette heure. Plus tard, peut-être, mais maintenant... je ne veux pas prendre voire main. Den Dank, Dame, begehr ich nicht ', ajouta-t-il avec un sourire forcé.

Il sortit sans même saluer la maîtresse de la maison.

— Ivan! cria Alioscha éperdu, en courant à la suite de

I Je n'ai pas besoin do votre reconnsùssance, madame.

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