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182 LES FRÈRES KARAMAZOV.

la leur expliquerez. Voilà de quoi je m'estime si heureuse,

de cela seulement, croyez-moi Je cours écrire cette

lettre, conclut-elle brusquement, en faisant un mouvement vers la porte.

— Et Alioschal Et l'opinion d'Alexey Fédorovitch que vous désiriez tant connaître ! s'écria madame Khokhlakov avec une intonation sarcastique.

— Je ne l'ai pas oublié, dit Katherina Ivanovna en s'arrétant. Mais pourquoi ètes-vous si malveillante pour moi en un tel moment, ma chère? continua-t-elle avec amertume. J'ai toujours la même pensée; son opinion m'est peut-être plus précieuse encore que tout à l'heure : je ferai ce qu'il dira... Mais qu'avez -vous , Alexey Fédo- rovitch ?

— Je n'aurais jamais pu m'imaginer cela, dit Alioscha d'un ton de reproche.

— Quoi donc?

— Il part pour Moscou, et vous vous écriez : Quel bonheur 1 et vous l'avez fait exprès 1 et aussitôt vous avez expliqué que ce n'était pas de son départ que vous vous féUcitiez, qu'au contraire vous regrettez de perdre un ami... et là encore vous jouiez la comédie... comme sur un théâtre.

— Sur un théâtre! Comment? Que dites- vous? s'écria Katherina stupéfaite et fronçant les sourcils en rougissant.

— Vous alïirmez que vous regrettez en lui un ami, et pourtant vous insistez sur le bonheur que vous cause son départ I

— Mais de quoi parlez-vous? je ne comprends pas!

— Je ne sais pas moi-même. Je suis comme illuminé d'une lumière soudaine. Je sais que ce que je dis est

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