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LES FRÈRES KAIIAMAZOV. «59

l'opinioD que vous aurez de moi après avoir lu cette lettre. Je ris toujours, je plaisante, et ce matin encore je vous ai fâché. Mais je vous assure que tout à l'heure, en prenant la plume . j'ai prié devant l'image de la sainte Vierge en pleurant presque. Mon secret est entre vos mains. Demain, quand vous viendrez . je ne sais même pas si je pourrai vous regarder. Ah! Alexey Fédorovitch. qu'arrivera-t-il si je ne puis m'em pêcher d'éclater de rire en vous regar- dant? Vous me croirez folle! Mais je vous en prie, ami, si vous avez de la pitié pour moi, ne me regardez pas trop en face quand vous viendrez, car rien ne pourra peut-être m'empêcher de rire en vous voyant dans votre longue robe. Rien qu'en y pensant, il faut que je fasse un effort pour rester sérieuse. Quand vous serez entré, ne me regardez donc pas tout de suite; regardez maman ou la fenêtre.

« Voilà ma lettre d'amour écrite. Mon Dieu! qu'ai-je fait? Alioscha, ne me méprisez pas; si c'est mal, si cela vous peine, pardonnez-moi. Ma réputation maintenant dépend de vous. Je sens que je vais pleurer. Au revoir jusqu'à cette entrevue terrible.

t LiZE.

t p. s. — Alioscha, venez absolument, absolument, absolument.

c LiZE. >

Alioscha lut cette lettre deux fois avec étonnement. Il resta songeur , puis sourit de plaisir, doucement, puis tressaillit; ce sourire lui avait paru coupable. Il remit la lettre dans l'enveloppe sans se hâter, fit un signe de croix

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