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LES FRÈRES KARAMAZOV. 155

croyait certainement; à qui la faute? Tu penses que c'est par calcul , par ruse qu'elle a baisé la première la main de Grouschegnka ? Non, c'était de bonne foi; elle avait pris Grouschegnka en affection... C'est-à-dire, pas Grou- schegnka, mais son idée à elle, son rêve, son désir; c car, pensait-elle, c'est mon rêve, c'est mon idée. » Eh! Alio- scha, commentas-tu échappé à de pareilles femmes? Tu t'es enfui en retroussant ta robe ? Ha I ha ! ha !

— Frère , tu ne songes même pas à l'offense que tu as faite à Katherina Ivanovna en confiant à Grouschegnka l'histoire... de ce jour... tu sais? Grouschegnka la lui a jetée à la figure comme un défi. Quelle pire offense, frère?

Alioscha était inquiet et fâché du plaisir que semblait causer à Dmitri l'humiliation de Katherina Ivanovna.

— Baste! fit Dmitri en fronçant les sourcils et en se frappant le front. En effet, je lui ai conté cela, je me le rappelle. C'était le jour que je t'ai dit, quand j'étais ivre, pendant que les tziganes chantaient. Mais je sanglotais en disant cela! J'étais à genoux devant l'idée de Katia, et Grouschegnka le comprenait; elle pleurait !.. . Ah! diable! Elle pleurait alors, et maintenant... maintenant elle se sert d'une confidence comme d'un poignard 1 Voilà les femmes !

Il resta quelques instants absorbé.

— Oui, je suis un misérable, dit-il d'une voix profonde. Qu'importe que j'aie dit cela en pleurant! je n'en suis pas moins odieux de l'avoir dit. Réponds là-bas que j'accepte toutes ses condamnations, si cela peut la consoler. Et assez... Adieu! Notre conversation n'est pas gaie, pauvre ami. Poursuivons chacun notre route. Je ne veux plus te revoir avant le dernier moment. Adieu , Alexey.

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