150 LES FRÈRES KARAMAZOV.
— Insolente! s'écria Katherina Ivanovna. comme si elle eût compris tout à coup.
Elle se leva vivement, le visage en feu.
Sans se hâter, Grouschegnka se leva à son tour.
— Je vais conter à Mitia que vous m'avez baisé la main et que j'ai refusé de baiser la vôtre. Comme il va rire!
— Misérable! sortez I
— C'est honteux, barichnia, c'est honteux, et ça ne vous va pas de dire de telles paroles, ma chère barichnia.
— Hors d'ici, femme vendue, hors d'ici!
Tous les traits de son visage tremblaient, elle était défi- gurée par la colère.
— Bon, vendue! Mais vous-même, jeune fille, vous allez, le soir, seule, chez les jeunes gens, chercher de l'argent, vendre votre beauté... Je sais tout.
Katherina Ivanovna poussa un cri ; elle allait se jeter sur Grouschegnka. Alioscha saisit la jeune fille et la retint de toutes ses forces.
— Ne bougez pas, taisez-vous, ne lui répondez plus, elle s'en ira d'elle-même.
En cet instant accoururent les deux parentes de Ka- therina Ivanovna et la bonne. On s'empressa autour de la barichnia.
— Oui, oui, je m'en vais, dit Grouschegnka en pre- nant sur le divan sa mantille. Mon cher Alioscha. arconi- pagne-moi.
— Allez-vous-en, allez-vous-en au plus vitel supplia Alioscha en joignant les mains.
— Accompagne-moi , Alioschegnka, j'ai un mot à te
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