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148 LES FRERES KARAMAZOV.

— Mais maintenant vous le sauverez vous-même, vous me l'avez promis. Vous lui ferez entendre raison, vous lui direz que depuis longtemps vous en aimez un autre que vous allez épouser...

— Ah! non, je ne vous ai pas promis cela. C'est vous qui avez dit tout cela; moi, pas du tout.

— Je ne vous ai donc pas comprise, dit d'une voix sourde Katherina Ivano\ na, en pâlissant légèrement. Vous avez promis...

— Ahl non, angélique barichnia, je ne aous ai rien promis, dit d'une voix égale et douce Grouschegnka, sans perdre sa physionomie gaie et candide. Vous voyez, barichnia, comme je suis mauvaise et capricieuse. Je ne fais que ce qui me passe par la tète. Peut-être vous ai-je promis tout à l'heure, mais maintenant je me dis : Et s'il me plaît encore, ce Mitia! Une fois, il m'a plu toute une heure. Peut-être vais-je aller lui dire qu'à partir d'aujour- d'hui, il vivra chez moi pour toujours... Voyez romiiu' je suis inconstante!...

— Mais, tout à l'heure, vous disiez.... tout à fait autre chose, put à peine murmurer Katherina Ivanovna.

— Oui, tout à l'heure, mais si vous saviez comme j'ai le cœur changeant, comme je suis sotte 1 Songez donc combien il a souffert pour moi ! S'il me vient de la pitié pour lui quand je l'aurai renvoyé, que faire ?

— Je ne m'attendais pas à cela...

— Eh! barichnia, comme vous êtes meilleure et plu- noble que moi ! Peut-être allez-vous cesser de m'aimer en voyant quel caractère détestable j'ai. Donnez-moi votre jolie main, angélique barichnia.

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